Les génériques face à une double peine

Depuis les années 1990, l’essor de l’industrie des médicaments génériques ne fait qu’augmenter. Mais pour la première fois en 25 ans, les médicaments génériques doivent faire face à une menace inédite et sont exposés à une double peine. Comment expliquer cette double peine et l’impact qu’elle aura sur l’industrie des médicaments génériques ?

Les génériques en France

Le marché des médicaments génériques en France représente la vente d’1 boîte sur 3soit 38 % des ventes de médicaments. En juillet 2020, cela représentait 940 millions de boîtes vendues. Ces chiffres semblent énormes, pourtant, la croissance des génériques est en baisse depuis quelques années. Pour le système de santé français, cela représente une perte d’1,5 milliard d’euros.

Le taux de pénétration des génériques en France est l’un des plus bas d’Europe. Les génériques représentent 40 % de l’offre totale de médicaments en pharmacie. Chez nos voisins
européens, les chiffres sont beaucoup plus élevés : ils atteignent 80 % en Allemagne et au Royaume-Uni.

La double peine des génériques en France

La France est le seul pays touché par cette double peine. Elle est causée par deux mesures de réduction des coûts de la santé imposées par le CEPS et la Sécurité Sociale. Ces
menaces sont inédites et viennent troubler un marché qui ne faisait qu’augmenter depuis 25 ans.

Le CEPS (Comité économique des produits de santé) prévoit de demander une baisse des prix pouvant aller jusqu’à 100 millions d’euros. Cette mesure s’ajoute à celle de la Sécurité
Sociale
 qui prévoit une régulation financière en 2022. Ce mécanisme mis en place pour limiter l’envolée du chiffre d’affaires des laboratoires prévoit une ponction de 60 à 100 millions d’euros. Cette double peine aura des conséquences sur le développement des génériques en France. Il sera freiné et certains petits laboratoires pourraient même tout perdre. Pourtant, les génériques représentent 50 % des ventes, mais leur remboursement connait une baisse de 13,7 milliards à 7,2 milliard d’euros. Cette baisse est liée à la pression des syndicats pharmaceutiques sur l’Etat. Ces menaces et ces baisses sont difficiles à accepter pour les fabricants de génériques qui sont minoritaires et qui ne sont pas reconnus pour leurs recherches et les innovations qui concernent leurs produits. Ils se sentent oubliés et n’ont pas droit de demander des aides comme les plans de relance ou de soutien à l’industrie.

Génériques et groupements d'officine

En France, on compte environ 23 000 officines. Environ la moitié appartiennent à des groupements d’officine. L’intérêt d’adhérer à un groupement de pharmacie, c’est de

pouvoir obtenir une marge plus intéressante sur les produits, de mettre en place une logistique déjà organisée et de bénéficier des conditions négociées par le groupement. En effet, les groupements négocient directement les tarifs avec les laboratoires qu’ils rencontrent. Pour ce qui est des médicaments princeps remboursables, ils représentent 80 % à 90 % du chiffre d’affaires. Pour les génériques, la rémunération est supérieure pour les groupements d’officine. La double peine des génériques pourrait donc avoir un impact sur leur chiffre d’affaires. Les réductions des coûts de la santé et la baisse des prix des génériques pourrait pousser les groupements d’officine à proposer moins de génériques car la marge serait moins intéressante.

Les génériques en France sont en perte de croissance. La double peine à laquelle ils sont exposés engendre des pertes de chiffres d’affaires et le développement des médicaments génériques est en baisse. Pour ce qui est des groupements de pharmacie, ils pourraient être impactés par cette baisse.